Toulon écoute ! Ce que le résumé non technique des cartes de bruit nous apprend
Depuis le 10 juillet, la Métropole TPM a lancé une consultation publique sur ses nouvelles cartes stratégiques du bruit. Ces cartes sont obligatoires : chaque grande agglomération d’Europe doit évaluer l’exposition au bruit routier, ferroviaire et aérien sur son territoire. Ce travail sert ensuite de base aux plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE), c’est-à-dire aux futures décisions sur l’isolation des logements, les aménagements urbains, ou la création de zones calmes.
Autrement dit : ces cartes détermineront ce qui sera (ou ne sera pas) fait dans les prochaines années pour limiter le bruit autour de chez vous.
Et pourtant, presque personne ne les regarde.
🔊 Ce que montrent les cartes… et ce qu’elles ignorent
Le plus surprenant ? À en croire ces cartes, le centre-ville de Toulon ne connaîtrait aucun dépassement des seuils sonores réglementaires. Pas un seul.
En dehors de quelques grands axes d’entrée comme l’A50 et quelques départementales, tout va bien. Particulièrement étonnant : les boulevards très exposés comme Strasbourg, avenue Roosevelt ou l’avenue de la République sont déclarés sous les seuils. Pourtant, la réalité vécue par les habitant·es est toute autre.
Pour entendre ce que les cartes refusent de montrer, inutile d’attendre : TPM Zen – le site récemment lancé par Toulon Var Déplacements met en ligne des enregistrements captés exactement là où la carte affiche du vert. Un moyen simple de comparer ce que disent vos oreilles à ce que prétendent les cartes.
Et des mesures ponctuelles pendant la journée, même à distance de la route et hors heure de pointe, confirment eux aussi ce que tout·e habitant·e de Toulon sait déjà : nos boulevards sont bien bruyants.
Ce décalage laisse penser que les données d’entrée de la simulation (trafic, vitesses, caractéristiques des rues) sont très éloignées des conditions réelles. Or ces cartes, bien qu’imparfaites, ont une conséquence directe : elles serviront de base au futur plan d’action. Si elles disent qu’il n’y a pas de bruit, il n’y aura pas de mesures.
📄 Un document important, mais peu accessible
Lors de cette consultation, un document est censé aider les habitant·es à comprendre les enjeux : le résumé non technique. Ce document explique les méthodes utilisées et les résultats obtenus. Ce résumé n’était pas inclus dans la page de la consultation en ligne, mais seulement consultable sur place, en mairie ou au siège de TPM.
Nous avons écrit à la Métropole pour demander des explications sur les écarts entre les cartes et la réalité vécue — une question d’autant plus importante que le cadre légal impose une évaluation sincère et cohérente avec le terrain. Nous avons également demandé pourquoi le résumé non technique, document essentiel à cette consultation, n’avait pas été publié en ligne. Nous sommes toujours en attente d’une réponse.
Nous avons alors pris le temps de nous déplacer pour le lire et le photographier, afin qu’il soit enfin accessible à toutes et tous.
➡️ Retrouvez le document complet ici et en bas de la page.
📬 Consultation ouverte jusqu’au 10 août
La consultation est ouverte jusqu’au 10 août sur le site de TPM :
👉 https://metropoletpm.fr/consultation-publique-des-cartographies-de-bruit-strategiques-decheance-4-de-la-metropole-tpm-0
Nous vous encourageons à y laisser un commentaire, même bref, pour signaler :
- que les cartes sont manifestement éloignées de la réalité,
- qu’il faut au moins vérifier les données de simulation, ou mieux, établir une base réelle de mesures systématiques,
- et que les zones réellement exposées doivent être reconnues et traitées dans le futur plan.
🙋 Pourquoi c’est important
Le bruit chronique — routier notamment — est un vrai problème de santé publique. Il favorise les troubles du sommeil, le stress, les risques cardiovasculaires. C’est aussi une question d’équité : ce sont souvent les quartiers populaires qui cumulent exposition au bruit, pollution et manque de verdure.
Les cartes de bruit ne sont pas une simple formalité administrative : elles décident de ce qui compte, et de ce qu’on va ignorer.
Alors oui, Toulon écoute. Et il est temps que la Métropole nous entende.
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